Reprise des ateliers la semaine du 15 septembre. Retrouvez l'agenda dans les actualités.

Qui sont les Brezhonegerien Leston’n ?

Il était une fois les Brezhonegerien Leston’n, déjà 42 ans de cela, ha bev bepred*…
Né en 1983 au sein de l’école publique de Lestonan, le petit comité réuni autour de la langue et de la culture bretonnes a vite grandi. Il est devenu une association à part entière, avec ses activités, ses événements et sa convivialité propres.

Naissance à l’école publique de Lestonan :
un club au sein des parents d’élèves

École publique de Lestonan : pastel de Jean Le Berre
(Directeur de l’école et membre BL).

À l’origine un instituteur de l’école publique de Lestonan : Daniel Le Berre. Les textes officiels lui accordaient trois heures hebdomadaires pour les activités d’éveil. En 1983 Daniel, instituteur féru de culture bretonne, décide d’en utiliser une pour le breton dans sa classe de CM1. L’idée est approuvée par l’inspecteur, des membres de l’association de parents d’élèves la trouvent excellente.

Courant 1984, pour créer un environnement favorable à l’initiation au breton menée en CM1, montrer que la langue bretonne intéresse aussi les adultes, une enquête est réalisée auprès des parents, des idées sont lancées.

Le club des Brezhonegerien Leston’n, ou « BL », naîtra au sein du conseil des parents d’élèves de l’école publique de Lestonan (FCPE) à la rentrée 1984. Ils sont d’abord une quinzaine de parents mais aussi des enseignants et personnels de service de l’école à se réunir le lundi soir dans la classe de Daniel Le Berre. Tous possèdent un minimum de rudiments de breton mais la plupart sont de cette génération à qui les parents n’ont pas transmis la langue. Ils ont des origines différentes : glazig, bigouden, kreis-breizh, léonard…

Daniel fédère le groupe en apportant des chansons bretonnes originales. Alors on chante, on échange et on apprend à s’écouter. On rit beaucoup aussi, pour beaucoup pas question de rater « le breton » du lundi soir, la convivialité règne et peu à peu le niveau de langue progresse. Plus tard le « club BL » va recruter en dehors des parents et diversifier ses activités. Parallèlement la sensibilisation à la langue bretonne s’étend dans l’école : une heure hebdomadaire dans quatre classes en 1984 puis à toutes en 1986.

Article Ouest France 1986

Les BL ont leur indépendance au sein de l’asso de parents, des sorties patrimoine et des soirées festives sont proposées en dehors du lundi. Loeiz Ropars collabore avec les BL, nous allons à Quimper pour des séances rimodelloù*, dañs tro*, il vient à Lestonan pour des après-midi chant à danser et des festoù-noz* à Ker-Anna. En 1987 nous organisons un concert de Gilles Servat à Keranna.

En 1988, Raymond Le Lann est sollicité pour ouvrir un atelier de danse bretonne, avec Fañch Morvan. On danse dans la salle polyvalente de la maternelle. Une section enfants sera créée en 1991, animée par Sylvie Sizorn, puis Laurence Hervet, Aude Francès, suivront de nombreuses jeunes animatrices des cercles de Landrévarzec et d’Elliant.


Lettre d’invitation de Loiez Ropars pour une séance
«Rimodelloù ha kanaoennoù»

Les début du groupe de
danse enfant, 1991

Brezhonegerien Leston’n :
une association 1901 en 1994

Il n'y a pratiquement plus d'adhérents BL au sein des parents d’élèves, l’élan initial pour le breton s’est estompé au sein de l’école qui ne s’est pas convertie au bilinguisme. Grace à la danse, le nombre d’adhérents BL augmente. Il faut évoluer. Il ne s’agit plus seulement d’œuvrer auprès des enfants, mais de promouvoir la pratique des activités culturelles bretonnes auprès de tous. En 1994, le club se constitue donc en association. Sont conservés le nom, l’action auprès des enfants et l’utilisation des salles de l’école. Sont ajoutés un logo, une réflexion sur les statuts et de nouvelles activités danses.

Vers la diversification des activités :

Pour permettre l’apprentissage de la langue, des bénévoles comme Christophe Kergourlay donnent de leur temps. Mais rapidement, l’association doit faire appel aux enseignants professionnels de Mervent pour les cours (sept niveaux) et le kontañ kaoz*. Un atelier « chant à danser » s’ouvre aussi, animé par Florent Christien, ainsi qu’un atelier broderie. Il y a maintenant deux ateliers danse avec Raymond Le Lann et un groupe autonome de danseurs confirmés. Enfin, tous les ans, un membre de l’association fait découvrir son « pays ». Nous irons jusqu’à Truro en 2000 (Cornouailles britannique) et à Cardiff (rencontre avec Pentreffest en 2013).

Une vie ponctuée de temps forts :

Les manifestations marquantes émaillent l’existence des BL. L’association rassemble des centaines de danseurs lors de son fest-noz d’automne. Mais l’on se réunit aussi autour de soirées plus intimistes, « E-tal an tan »*, autour du conte, du chant… On se retrouve encore en novembre lors d’après-midis festifs baptisés « Du med splann »*, avec concert, fest-deiz*, autour de Kern, Patrik Ewen, Gwennyn... Il y aura aussi des séances de théâtre (breton et bilingue), des conférences... En 2016, on fête la crêpe, lors d’une journée « Tro-dro d’ar c’hrampouezh»*, ou plus récemment « Tañva* » pour faire goûter au meilleur de notre culture. Presque toutes ces festivités se terminent par une gavotte, moment magique où les danseurs entourent musiciens et chanteurs dans un « kan ba’n dans »* interminable… !

L’avenir des BL :

Jusqu’en 2014, l’association s’est agrandie de nouveaux membres. Actuellement, les BL sont une centaine, avec un conseil d’administration de 17 membres. Depuis 40 ans ils se mobilisent pour maintenir bien vivant notre héritage culturel, tout en allant de l’avant, en intégrant les nouvelles têtes. Car s’il faut veiller à conserver, malgré les cultures dominantes, notre langue, nos danses et nos chants, il ne faut pas non plus les figer, comme des objets de musée, en dépit des évolutions et des créations. Ces quatre dernières décennies de BL ont montré combien la culture bretonne, riche et diverse, savait unir les gens.

Dico Breizh :

ha bev bepred : et toujours vivant

rimodelloù ou rimadelloù : composition rimée, fabulette, comptine

dañs tro : gavotte

festoù-noz : bals de danses bretonnes, se déroulant la nuit, contrairement aux fest-deiz

kontañ kaoz : conversation

E-tal an tan : auprès du feu

Du med splann : litt., « noir mais joyeux, brillant », quand la bonne ambiance compense l’obscurité de novembre,

tro-dro d'ar c'hrampouezh : autour de la crêpe

tañva : goûter breton

kan ba’n dans : litt., chant dans la danse


Article Ouest France 1986